Ceux qui aiment les mots connaissent la belle histoire de l'Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle), réunion d'esprits aigus qui fondèrent cet «atelier» hors normes le 24 novembre 1960 pour écrire sous contrainte et inventer de nouvelles formes poétiques et romanesques. À la tête de cette aimable constellation, François Le Lionnais, Raymond Queneau et parmi ses plus brillantes étoiles, Georges Perec.
L'Oulipo vit toujours et Michel Abécassis nous en administre la plus spectaculaire et irrésistible des preuves avec l'épatant Oulipo, pièces détachées qu'il a conçu et met en scène au Théâtre du Rond-Point, dans la salle Jean-Tardieu, comme un hommage implicite au grand homme d'Un mot pour un autre.
Michel Abécassis a sélectionné les textes, les fragments. Il a puisé dans un océan de trouvailles et n'a retenu que les plus aptes à soutenir l'épreuve de la profération et du plateau. Vous raconter le moindre tableau reviendrait à amoindrir vos étonnements et émousser votre plaisir. Représentation brève, vive, dense, avec des humeurs de cocasse cabaret, Oulipo, pièces détachées est joué par trois interprètes exceptionnels, intelligents, originaux, acrobates des mots et de la diction, des as qui d'un regard vous retournent, des jongleurs virtuoses. Ils se nomment Nicolas Dangoise, Pierre Ollier, Olivier Salon, l'un des auteurs de quelques « pièces ». Ces garçons modestes et fiers comme trois Frères Jacques sont d'une précision diabolique. Tout est donné sur un rythme musical, car les contraintes de l'Oulipo font naître une musique très particulière dans laquelle le sens et le son s'épousent. Roubaud, Bénabou, Mathews, Caradec, Jouet, Monk, Fournel, Perec, Lescure, Le Tellier, Pastior, les vivants et ceux qui sont passés de l'autre côté du miroir sont là, leurs mots noués en un éblouissant bouquet d'où n'émerge d'une unique femme, Michelle Grangaud. « Je chante faux mais j'entends juste », support d'un désopilant moment dans une cascade de fraîcheur, d'esprit, de rire.
Théâtre du Rond-Point, salle Jean-Tardieu, à 18 h 30 du mardi au dimanche. Jusqu'au 24 février. Tél.: 0892701603 et www.theatredurondpoint.fr Texte aux Éditions Mille et une Nuits (2,50 €). Les lundis 3 et 31 mars, 14 avril, 9 juin, rencontres avec l'Oulipo et ateliers. Tél.: 0142855249.
Michel Abecassis a construit sur scène un dédale théâtral aussi subtil que celui de ses inspirateurs dont on sort avec le plaisir jubilatoire d'y avoir erré, Guidé par un fil spectaculairement solide et sacrément efficace. Trois comédiens, Nicolas Dangoise, Pierre Ollier et Olivier Salon, se passent le relais de la parole à l'instar de musiciens de jazz pris entre improvisation libertaire et cadre créatif fécond. Les mots surgissent dans la spontanéité d'un texte savamment ouvragé qui joue des bégaiements, des redites, des fulgurances, des vertiges et des farces syllabiques et sémantiques. Une scénographie maline et simple permet aux trois compères de faire voltiger le sens et le récit, jusqu'aux marges de la déconstruction, jusqu'au risque de l'absurde, sans que jamais, pourtant, le spectateur ne se perde dans les arcanes rigolotes de cette alchimie langagière. Des accessoires désopilants, des lettres, des livres, des cartes et des objets inattendus viennent soutenir un jeu remarquablement maîtrisé qui fait naître une sorte de pyrotechnie élégante et joyeuse qui allie le bonheur de voir à celui d'entendre. Un oulipien est « un rat qui construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir » disent avec malice Marcel Bénabou et Jacques Roubaud. Ces Pièces détachées mis en scène avec un talent formel par Michel Abecassis sont à la hauteur des exigences et du délire protéiformes des membres facétieux de ce club d'équilibristes que sont les auteurs Oulipiens. Un spectacle allègre en forme de florilège lexicographe où les mots swinguent avec bonheur et joie.
« Au fond, je me donne des règles pour être totalement libre ». Cette boutade de Georges Perec, que Michel Abécassis considère comme « le grand inventeur » de l’Oulipo, résume on ne peut mieux l’esprit de ce « laboratoire d’écriture » crée en 1960 par le mathématicien François Le Lionnais et l’écrivain Raymond Queneau, entre autres, et qui, plus de quarante après, a toujours ses pratiquants, ses adeptes. A des années lumières de l’écriture automatique propre aux surréalistes, l’Oulipo ou Ouvroir de littérature potentiel se donne pour consigne de produire à partir de contraintes à l’instar du fameux roman de Georges Perec, La disparition, qui n’utilise jamais la voyelle « e ». Ce qui relève de la prouesse ! Et d’une certaine virtuosité car, rappelle Michel Abécassis, « les textes oulipiens sont d’une richesse phénoménale. Leurs auteurs sont des savants qui nous ouvrent des fenêtres sur des territoires inattendus, farfelus, singuliers, barges et où l’humour le dispute à la fantaisie ».
(Photo : Philippe Delacroix)
Ni psychologue ni naturaliste, Oulipo, Pièces détachées n’est pas à proprement parler du théâtre au sens où le spectacle raconterait une histoire mais plutôt, selon la formule du metteur en scène « une mise en abîme des mots » jusqu’au vertige. Le spectateur est en effet emporté par un tourbillon de bons mots, contrepèteries, poèmes hallucinés, répétitions qui, par définition, produisent leur effet comique, et autres récits à double sens tels que le Va chez la voisine d’Olivier Salon, comédien dans le spectacle et oulipien convaincu, et qui, parce que les lettres ont été bousculées, se transforme bientôt en histoire coquine des plus hilarantes. Et pourtant, rappelle Michel Abécassis, « les oulipiens n’ont jamais eu le souci de la scène, de la mise en voix ». Aussi, pour en arriver là, Michel Abécassis confesse avoir dû passer « un an complet en immersion en Oulipo pour lire les milliers de textes produits » : « On ne peut pas faire un objet théâtral de tous les textes oulipiens. Mon critère de choix tenait en 3 points. Les textes devaient être faciles à comprendre, avoir de l’humour et procurer une sensation de vertige ». Et même si, avoue-t-il, ce spectacle se voulait de toute façon un hommage à Perec et Roubaud, il a tenu à élargir ses sources pour mieux montrer la diversité des oulipiens allant même d’ailleurs jusqu’à passer commande à ceux qui, aujourd’hui encore, se réclament de l’Oulipo.
(Photo : Philippe Delacroix)
« Oulipo, Pièces détachées, c’est aussi une rencontre avec des textes. Je pense par exemple au Roman épistolaire par lettres de Jacques Roubaud qui est pour moi, un texte-culte, fabuleux, extraordinaire autour duquel s’est d’ailleurs organisé le spectacle. Même chose avec le What a man ! de Perec. Et mon travail a consisté à mettre en bouche tous ces mots, à restituer leur incroyable musicalité. C’est en quelque sorte du théâtre sonore. Un seul et unique décor, quelques accessoires et juste les textes ». Sans oublier le corps des 3 acteurs qui, quand ils ne sont pas accroupis dans l’espèce de boîte oblongue percée de trois orifices par où ils passent leur tête, habitent l’espace à l’humilité et la précision des « diseurs », et même de diseurs virtuoses car, reconnait Michel Abécassis, « nulle place à l’improvisation, perdre le fil c’est se casser la figure ». Bref, une prestation sous contrainte à l’image finalement des textes oulipiens qui donnent sans cesse au spectateur la sensation d’être sur le fil du rasoir, de basculer bientôt, et pourtant de retomber toujours sur ses pieds. Une telle prouesse que le spectateur même non averti finit par se rêver en « rat qui construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir », selon la propre définition de l’oulipien par Jacques Roubaud et Marcel Bénabou qui, en matière d’Oulipo, en connaissent un rayon.
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Une merveille jubilatoire
Des mots et des jeux de mots, des exercices, des contraintes. Les écrits de plusieurs poètes inventifs sont ici réunis et joués par trois jongleurs du verbe épatants, Nicolas Dangoise, Pierre Ollier, Olivier Salon.
Si vous aimez les mots, les jeux de mots, si vous admirez ceux qui écrivent en s’imposant des contraintes comme le fit autrefois le merveilleux Georges Perec, si vous aimez rire, si vous admirez les acrobates, si les noms de François Caradec ou Harry Mathews vous disent quelque chose et même, bien sûr, si leurs noms ne vous disent rien, retrouvez ou découvrez ce monde magique d’une littérature qui pense, travaille, se travaille.
Oulipo ou « Ouvroir de Littérature Potentielle » est un groupe, une manière d’aborder la langue, une philosophie ludique et d’une intelligence délicieuse. Michel Abecassis a fait un choix de textes ; ils sont réunis en un petit volume très accessible. Mais ils sont aussi la matière d’un spectacle épatant dont on ne peut pas décrire les phases, les mouvements, sans détruire le bonheur que vous y prendrez. Cela vous a un petit air cabaret qui est irrésistible. Le montage des textes est très futé et les trois interprètes sont exceptionnels, doués, acrobates, drôles. Ils se nomment Nicolas Dangoise, Pierre Ollier et Olivier Salon, ils sont des as ! C’est d’un humour constant, on rit. Mais on admire.
Un bienfait ce spectacle !
Article d'Armelle Héliot paru dans le quotidien du médecin.
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Cela se passe au théâtre (du Rond-Point), donc c’est du théâtre. Mais c’est aussi autre chose, quelque chose comme une sarabande de phrases un peu cinglées, un peu tordues, où la langue jouerait avec l’oreille, avec l’œil aussi, et la mémoire. Cet objet théâtral bizarre a pour titre « Oulipo : pièces détachées ». C’est la pièce composée par Michel Abecassis à partir de fragments des textes des oulipiens.
Oulipo ? Oui : pour « OUvroir de LIttérature POtentielle », le groupe fondé en 1960 par François Le Lionnais et Raymond Queneau. Ceux chez qui le nom ravive un souvenir ajouteront « Perec », voire « Duchamp » ou « Calvino ». Certes, certes. Mais ces membres sont « excusés aux réunions pour cause de décès », quand l’Ouvroir est encore actif, ô combien. C’est parmi les vivants, les forces vives d’aujourd’hui que Michel Abecassis a surtout pioché, de Roubaud à Bénabou, Grangaud ou Monk, de Fournel à Mathews, Jouet ou Le Tellier. S’il y a toujours du jeu dans les œuvres oulipiennes, il y a parfois du tragique. Ici, le metteur en scène a fait le choix du rire.
Le résultat est une plongée désopilante dans un univers de trouvailles littéraires et sonores. C’est étonnant, c’est époustouflant, c’est musical comme sait l’être le langage. Pour soutenir la virtuosité des textes, Abecassis a jeté dans l’arène trois comédiens, non moins virtuoses, de véritables trapézistes de la diction, qui font fi du signifiant et du signifié : Nicolas Dangoise, Pierre Ollier, et Olivier Salon – de l’Oulipo lui aussi. La mise en scène, réglée au millimètre, est lumineuse.
Ça dure quoi, à peine plus d’une heure ? C’est vraiment vif, vraiment drôle, vraiment intelligent.
Vincent Balmer
Théâtre du Rond-Point, salle Jean-Tardieu, à 18h30 du mardi au dimanche. Jusqu'au 24 février. Tél.: 0892701603 et www.theatredurondpoint.fr
Texte aux Éditions Mille et une Nuits (2,50 €).
_________________________________________________________________ Oulipo - Pièces détachées
Michel Abécassis, fondateur et directeur du Théâtre de l’Eveil, dont un des axes de travail concerne les auteurs "singuliers", a conçu et mis en scène "Oulipo-Pièces détachées" qui, comme son titre l’indique, donne à entendre des oeuvres oulipiennes qui dynamitent la langue et expérimentent des contraintes littéraires nouvelles. Ce spectacle ludique, qui oeuvre dans ce qu'il appelle "un théâtre de la langue, de la parole éclatée et jubilatoire", repose sur un florilège de textes d’oulipiens distingués, de Georges Perec, Raymond Queneau, Jacques Roubaud, Marcel Bénabou, parmi les plus connus du grand public mais aussi François Caradec, Olivier Salon, que l'on retrouve sur scène, et Ian Monk parmi les autres.
Un spectacle bienvenu dans le cadre de la saison "le Rire de Résistance" du Théâtre du Rond Point et qui célèbre de bien belle façon le cinquantième anniversaire de la naissance de l"OUvroir de LIttérature POtentielle".
La mise en scène inventive de cette mise en voix est à la mesure du propos - parapèteries, monovocalismes, aphorismes ou drame classique décliné en interjections, ravissent l'oreille - et cela commence pianissimo avec l’introduction à l’OU-LI-PO pour aller crescendo dans une folle symphonie pour trio virtuose et délirant dont la partition ne souffre aucune erreur si minime soit-elle.
Trois officiants éblouissants de virtuosité, Pierre Ollier, comédien-chanteur, Nicolas Dangoise, chanteur-comédien, et Olivier Salon, professeur de mathématiques oulipien, auteur de plusieurs des pièces présentées, mine de rien avec leur pull camionneur, air de pince sans rire et oeil pétillant, se livrent à un exercice de haute voltige verbale et vocale, qui n’est pas à la portée du premier venu.
Drôle, désopilant et rafraîchissant, ce spectacle est une petite merveille. On sort de la salle le sourire aux lèvres et la tête en fête.
MM Paru sur Froggy’s delight, le site web qui frappe toujours 3 coups.
____________________________________________________ OULIPO : des bulles de champagne pour une fête de l'esprit !
Cette pièce est une vraie gourmandise qui se déguste avec jubilation. Cet hommage au théâtre, cet hymne à l'amour des mots est bien évidemment une révérence aux textes. Elle marque une incursion salvatrice dans le domaine du rire, de l'amour du théâtre, donnant ainsi aux spectateurs la façon de rêver les mots. OuLiPo, l'Ouvroir de Littérature Potentielle a été fondé le 24 novembre 1960 par François Le Lionnais, Raymond Queneau et une dizaine de leurs amis écrivains et/ou mathématiciens et peintres. Le propos est ici d'inventer de nouvelles formes poétiques ou romanesques sous contraintes. Pas de personnages ni de psychologie, mais un univers loufoque, burlesque et de l'humour, beaucoup d'humour... Un manège verbal et malicieux pour comédiens, chanteurs, jongleurs de mots. Le tout agrémenté de grigris, d’accessoires, de lettres, de livres et objets divers pour nous offrir une symphonie de mots qui bégayent, qui swinguent, qui se répètent, qui se cachent, en un mot une vraie orgie de bonheur. Cette leçon de liberté est l'oeuvre de trois comédiens brillants : Nicolas Dangoise (CNSM de Paris), Pierre Ollier (HEC) et Olivier Salon (docteur en mathématiques). Vitesse et folie ne laissent au public aucun loisir de se retourner, le prenant à la gorge déployée. Ils possèdent à fond les thèmes et les figures imposés d'un art de la variation, où tout est d'abord affaire d'exécution et de rythme. Le mot complicité prend avec cette pièce une nouvelle dimension. Des bulles de champagne pour une fête de l'esprit !!!
Hervé Méaudre
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Exercice de swingue ________________________________________
Un très bel article concocté par Pierre Assouline sur son blog.
Le Monde.fr
La République des livres, le blog de Pierre Assouline
08 novembre 2006
L’Oulipo en pièces détachées
Oulipo , autrement dit OUvroir de LIttérature POtentielle, maison de qualité française fondée en 1960 par François Le Lionnais, Raymond Queneau et quelques copains qui faisaient dans les chiffres, les lettres et autres signes. Que vous sachiez ou non ce que c’est, que vous soyiez familier de l’exploration du lien entre littérature et mathématique, ou ignorant de la pensée des contraintes en écriture, ne ratez pas Pièces détachées au Théâtre du Rond-Point. Vous avez encore quelques jours puisque ça se termine le 11 novembre. Après il ne vous restera plus qu’à leur courir après à la Ferme du Bel ébat à Guyancourt (le 25 novembre) ou au Centre culturel de Villemoisson sur Orge (le 10 février), au Centre culturel des bords de Marne sis au Perreux (fin mars), en Russie, à Madagascar, ce qui, au fond, n’est pas très pratique quand on habite dans la ville du Théâtre du Rond-Point, mais chacun fait comme il veut. Ca en vaut vraiment la peine tant ce spectacle est un festival d’invention langagière, d’imagination scénique, de jeu avec les mots, d’humour bien tempéré, de burlesque achevé, de loufoque à souhait. Toute une démarche basée sur la complicité avec le lecteur, qui s’impose naturellement au spectateur.
Ils sont trois sur scène, trois excellents comédiens: Nicolas Dangoise, Pierre Ollier et Olivier Salon. Ou, Li et Po, en fait. L’oulipien se définit comme un rat qui construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir. Georges Perec disait qu’il se donnait des règles pour être totalement libre. J’en ai connu des oulipiens, le regretté Jacques Bens, Paul Fournel à vélo… On ne s’ennuie pas avec eux. Quand j’ai vu le spectacle, j’ai épié les réactions de l’un des pères fondateurs, Jacques Roubaud, assis devant moi, aux anges. Ca faisait plaisir à voir. De toute façon, les oulipiens ont ceci de particulier qu’ils ont toujours l’air de se marrer. Sur scène, ça va très vite. Bien rythmé, bien cadencé, bien balancé. On sourit autant qu’on rit, ce qui ne laisse guère le loisir de noter des bribes de phrases au vol pour les savourer plus tard. Trop drôle pour être bouleversifiant mais suffisamment virtuose pour être épastrouillant. Le concepteur et metteur en scène de ce spectacle authentiquement poétique, Michel Abecassis, a bien tricoté la chose en piquant dans les textes de nombreux membres de la bande. Un mot à l’endroit, un mot à l’envers. Quand on ressort de la salle Jean Tardieu du Théâtre du Rond Point (tiens, Jean Tardieu, autre jongleur, heureuse coïncidence), on a envie de retrouver les livres de Marcel Bénabou et d’Italo Calvino, de François Caradec et de Jacques Jouet et de quelques autres encore. Si on veut creuser l’affaire davantage, Esthétique de l’Oulipo ( 326 pages, 19 euros, Le Castor Astral) paru en juin dernier est indispensable. L’écrivain (et billettiste inspiré) Hervé Le Tellier y analyse sérieusement avec humour l’archéologie de l’Oulipo, ses références et ses citations, son système et sa logique, son travail sur la langue face au surréalisme comme repoussoir, au pastiche, à la parodie, au plagiat, au centon… Et surtout l’esprit de l’Ouvroir tout entier contenu dans le beau mot de “complicité”.
(Photo Philippe Delacroix)
« Pièces détachées » ou les jongleurs de mots
« Pièces détachées », ce fut un petit régal d'une langue servie à toutes les sauces, jeudi dernier, au théâtre de la Madeleine devant une salle comble et hilare, par trois excellents comédiens qui manient avec brio les textes de Georges Perec, Raymond Queneau, Jacques Roubaud… dans un festival d'humour où les mots sont rois. Les bons, les grands, les gros, tout y passe dans une ronde éblouissante savamment orchestrée.
La femme de Napoléon, « La cigale et la fourmi » revisitée, le concert de contrepèteries, la dernière lettre, les poèmes pour les bègues, et tout une suite de mots tricotés à l'envers, emmêlés, futés, joyeux, qui font chanter les textes d'étonnante façon sur une mise en scène malicieuse de Michel Abecassis.
Quant aux trois comédiens - Nicolas Dangoise, Pierre Ollier et Olivier Salon -, ils se donnent le mot pour mettre en rire ce langage délicieusement loufoque. Une vraie performance et ce fut jubilatoire.